Un altro modo/Mentre corre


Deux concerts du Quartetto Urbano

avec Germana Mastropasqua, Flaviana Rossi, Michele Manca et Xavier Rebut

direction musicale de Xavier Rebut

ces deux programmes existent en albums 

Un altro modo* è possibile (2003)

De combien de « modi », de façons est-il possible de chanter, et combien de mondes peut-on ainsi évoquer?
Entre la rencontre des chanteurs traditionnels et celle de compositeurs et écrivains d’aujourd’hui, l’expérience du groupe est l’expérience de la multiplicité et de la valeur de la différence. « Modi » divers d’organiser les sons, de chercher les mots pour raconter, de vivre le temps qui passe, de trouver l’espace pour la mémoire; diverses identités, diverses vitesses, divers gestes, lieux, regards.
Sur le courant des sons le voyage musical visite chaque pièce, chaque espace, cherche chaque oreille, chaque coeur, il s’arrête, repart, en quête d’un moment de plaisir, de réflexion, de partage d’un autre monde possible.
 Une autre manière est possible d’autres couleurs, saveurs, gestes, images, pensées
ce n’est pas tout près mais rejoignable – regards, mains, gestes
Une autre manière est possible et juste!
Avec le temps trouver d’autres raisons. D‘autres raisons pour reconnaître comme semblables
ceux que nous ne connaissons pas encore!
Antonella Talamonti Un altro modo è possibile
* Le mot « modo » en italien signifie à la fois: façon, manière, et: mode musical, une échelle de sons choisis, déterminée par la disposition de ses intervalles. « In tutti i modi »: de toutes les façons; « al modo di »: à la manière de; « modo di dire »: expression, façon de parler; « modo di mi o modo frigio »: mode de mi ou mode phrygien;…


Mentre corre cielo e terra – Tandis que défilent le ciel et la terre (2008)

Le long d’une grande partition se déroulent les chants de la passion, les stornelli – modes chantés pour se répondre – et les chants de travail.  Ils y cotôyent les créations originales: il y a les compositions de Xavier Rebut, il y a le travail d’Antonella Talamonti sur des textes des poètes siciliens Ignazio Buttitta et Nino De Vita, il y a les mots d’aujourd’hui qui racontent en musique le travail précaire, et il y a les madrigaux de Giovanna Marini, qui sait exprimer le courage de qui sait regarder et agir, et qui sait raconter la “vie pour le pain”, l’abandon de la terre d’origine, la séparation dans l’espoir de trouver le “pain pour la vie”.
L’actualité d’un chant des Mondine (repiqueuses de riz) qui luttaient pour le respect des 8 heures de travail journalières et celle d’un mottetus sarde sur les rapports féodaux transparait en filigrane à travers les timbres et les harmonies de cette “autre Italie”, Italie qui est celle du passé et de la mémoire, riche de cultures différentes et continuellement en transformation.
Le quatuor parcourt la péninsule, des brouillards du Nord traversés par les travailleurs journaliers jusqu’en Sicile où le chant d’un cantastorie et celui d’un mineur d’une sulfatara (mine de souffre) deviennent des points communs d’une humanité qui se réinvente une ritualité et cherche comment se raconter.
Tandis que les journaux hurlent le nom de qui meurt à chaque heure
dans les rues, au milieu des fusils d’une violence qui dévore
Il y a celui qui espère la paix celui qui veut encore la guerre
puis chacun regarde et se tait tandis que défilent le ciel et la terre.
Emilio Jona, Canzone di Viaggio